Rouge Mineur
Sylvia Vadimova Mezzo-soprano
Nicolas Fargeix Clarinette
Eric du Faÿ Cor
Julien Le Pape Piano
Gianny Pizzolato Percussions
Florian Lauridon Violoncelle
Marc Desmons Direction
Lyrisme et poésie
Ce Voyage de l’écoute nous entraîne le long d’une perspective tendue sur un fil poétique entre deux créations. Intérieur, intense, vertical, il commence au plus près de nous et nous conduit au plus vrai, c’est-à-dire haut.
Véhicule propre à TM+, le Voyage de l’écoute est une expérience autant qu’une exploration. Sans escales, ni pauses ni applaudissements ni mouvements de musiciens entre les œuvres, comme pour mieux suivre le flux des temps lointains et du temps proche, il nous entraîne le long d’itinéraires inouïs dans le paysage des siècles et des climats, sur des routes inédites entre compositeurs.
En Rouge Mineur, on appareille quand le chant de l’adagio de la Sonate en Fa majeur de Mozart, sans cesser de sourire, s’envole suspendre le temps au-dessus d’un vide quasi métaphysique qui, pour être familier, n’a rien d’ordinaire.
Avec Des Pas sur la neige, le silence qui vient après Mozart est imprégné de Debussy. Rien entre eux de commun, ni le langage, ni le souci d’expression. Et cependant, un abandon similaire du corps, une apesanteur sonore qui n’a rien à dire, seulement à être.
La suspension mène à la première création du concert : Conditions de lumière, cycle de cinq pièces de Laurent Cuniot empruntant le verbe d’Emmanuel Hocquard (Conditions de lumière © P.O.L, 2007). Une œuvre du fragment, de l’éclatement du sens, un bris d’instants avec ses marges blanches et ses combustions spontanées ; au point focal, Rouge mineur est une fulgurance, un soleil à travers le verre sur la résine qui prend feu.
Densité de la forme, fluidité du mouvement : la Sonate pour piano d’Alban Berg, trace, intense, le chemin entre l’image fragmentaire et le lyrisme expressif. Les vides s’amenuisent, les lignes se resserrent, l’énergie prend l’ascendant sur l’état.
Une merveille de construction et de modernité, au bord historique d’une révolution musicale, au seuil ici de la seconde création au programme : Voyages I, II III de Robin de Raaff, composition lyrique, écorchée, sur des poèmes presque centenaires de Hart Crane. La peau de la mer roule au-dessus des gouffres secrets, c’est le retour des désirs et de la chair, le voyage de l’écoute, commencé dans l’impalpable, touche à un érotisme de lumière.
Avant de s’échapper, insaisissable, vers l’Appel interstellaire pour cor d’Olivier Messiaen, là où les contraintes n’ont plus de sens, là où l’espace est un infini sonore.
Jeu 01 — 19h30
Coproduction TM+, Maison de la musique de Nanterre
Commande d’Etat Robin de Raaff