E Libera Voli

Claude Debussy rejetait les titres de ses préludes au bas des partitions, en caractères discrets, pour ne pas rogner les ailes de l’imaginaire : La terrasse des audiences au clair de lune, Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir… La même aspiration à libérer l’envol de la musique traverse mot pour mot, mot pour note, la pièce de Laurent Cuniot : E la mezzanotte libera voli, d’après une citation d’Erri de Luca. Lorsque « minuit libère les vols », les cuivres qui circulaient jusque-là en sourdine, dans l’obscur, se déploient soudain à pleine force, en plein éclat.

Gérard Pesson en appelle, lui, à Berlioz : Panorama, particolari e licenza se rappelle et réinvente Harold en Italie. « Panorama, détails et licence », évocation grand angle, champ contrechamp sur le jeu des altos solistes – ils sont deux, elle à la voix, lui aux cordes –, zoom sur la chose inaperçue et effets spéciaux bricolés comme dans le cinéma d’antan. Quant à la licence, on l’entendra dans l’espace laissé à la liberté de ton et de son du compositeur, et sa malice…