Projets

Steve REICH, Elliott CARTER

City Life

Distribution 

 

Elise Chauvin, soprano

 

Nicolas Fargeix, clarinette solo

David Simpson, violoncelle solo

 

Gilles Burgos, Anne-Cécile Cuniot,  flûtes

Marika Lombardi, Sylvain Devaux, hautbois

Nicolas Fargeix, Bogdan Sydorenko, clarinettes

Julien Le Pape, Tristan Raes, pianos

Adonis Palacios, Emiri Komura, claviers

Florent Jodelet, Gianny Pizzolato, Akino Kamiya, percussions

Maud Lovett, Pauline Klaus, violons

Marion Plard, alto

David Simpson, violoncelle

Charlotte Testu, contrebasse

 

Laurent Cuniot, direction

 

Yann Bouloiseau, son

Marie Delebarre, régie générale

Erwan Le Metayer, régie orchestre

 

Durée 1h

Programme 

Elliott CARTER

Gra pour clarinette seule

 

Steve REICH

Cello Counterpoint pour violoncelle amplifié et bande multicanal

 

Elliott CARTER

A Mirror on Which to Dwell pour soprano, flûte, hautbois, clarinette, percussionniste, piano, violon, alto, violoncelle, contrebasse

 

Steve REICH

City life pour grand ensemble

 

Éloge des contraires

TM+ ouvre un espace inédit entre deux modernités américaines.

Steve Reich est né en 1936 à New York, là où Elliott Carter naissait en 1908 et mourut en 2012. Le cadet est l’une des rares stars de la musique contemporaine, son œuvre traverse les frontières géographiques, culturelles, médiatiques. L’aîné était une force de la nature discrète, moins célébré chez nous malgré sa familiarité esthétique avec l’Europe.

À première écoute, rien ne semble pouvoir rapprocher leurs musiques. Disciple et ami de Charles Ives, étudiant à Paris auprès de Nadia Boulanger, Elliott Carter a laissé le courant néoclassique couler sans lui pour perfectionner, sans chercher à séduire, un langage personnel autour du temps musical, de la dramaturgie instrumentale, du matériau harmonique et de la construction polyphonique. Steve Reich, par son ouverture sur les percussions africaines, son goût pour les musiques populaires, sa réflexion sur les rythmes et la transe, a défriché avec succès une voie opposée, immédiatement accessible et qui se prolonge jusqu’aux musiques actuelles.

Ainsi Carter serait-il moderne dans l’esprit de l’avant-garde des années cinquante, tandis que Reich expérimenterait les charmes de la postmodernité.

Or un concert faisant l’éloge des contraires n’est pas, s’il est construit avec sérieux, un jeu de miroir absurde mais une invitation à la curiosité, une architecture dynamique de l’écoute où – pour user du vocabulaire des pigments et des prismes – chaque passage travaille les nuances entre elles, chaque couleur pose sur sa voisine sa complémentaire qui en modifie la teinte générale : on y bouscule les inerties, on change les habitudes, on entend mieux l’un au contact de l’autre.

La rigueur d’écriture d’Elliott Carter fascine, mais elle peut aussi dresser un écran entre elle et l’auditeur. Les déphasages rythmiques de Steve Reich provoquent des vertiges éblouissants, ils tournent cependant dans un espace parfois désincarné. L’enjeu du programme est de rendre l’austérité séduisante et de donner du sens à la répétition.

Gra (1992) – « Jeu » en polonais – est un cadeau d’Elliott Carter au compositeur Witold Lutoslawski pour ses 80 ans. La ductilité de la clarinette solo, sa fluidité évoquent pour Carter l’enchantement d’une amitié. À quoi répond l’énergie dansante – et lyrique dans son mouvement central – de Cello Counterpoint (2003) où Steve Reich fait dialoguer le violoncelle avec ses doubles sur bande.

Les deux pièces pour ensemble sont, chacune à leur manière, des chefs-d’œuvre. A Mirror on Which to Dwell (1975) d’Elliott Carter combine le raffinement des sonorités et le contrepoint subtil entre les protagonistes, avec une intensité expressive qui maintient ouverts des espaces de respiration. Au contraire, Steve Reich ne joue pas avec le silence mais avec le plein et la répétition : par ses contrastes, ses accélérations, le trafic permanent entre les sons acoustiques et les cris de New York échantillonnés, City Life (1995) dépasse la fascination formelle pour les boucles afin d’installer un univers sonore urbain compact, puissant, captivant.

L’éloge des contraires vaut aussi comme réflexion sur la musique contemporaine américaine : peut-être n’est-elle pas aussi univoque qu’on le raconte, peut-être y a-t-il de la place pour plusieurs modernités différentes. Et si, entre Carter et Reich, « it’s been a honeymoon ! »

 

Ven. 3 février – 20h30 > Maison de la musique de Nanterre > billetterie

Atelier d’arts plastiques > Samedi 4 février de 14h à 17h > Informations et inscriptions

Gratuit sur présentation du billet du spectacle City Life.

 

Sam. 1er avril – 20h – Printemps des Arts de Monte-Carlo, Monaco : billetterie

 

 

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Coproduction : TM+, Maison de la musique – scène conventionnée d’intérêt national – art et création – pour la musique

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