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Marc-André Dalbavie

In Advance of the Broken Time

Création en 1994 par les Florence Gould Players

Enregistrement par TM+ le 21 janvier 2012 à la Maison de la musique de Nanterre sous la direction de Marc Desmons.

Commande du Ministère de la Culture.

Durée 12'10

 

Métamorphoses et textures éclatées en avance sur le temps.

Pièce pour flûte, clarinette, piano, violon, alto et violoncelle

In Advance of the Broken Time... constitue la version provisoire d’une pièce encore inachevée qui doit être d’un tiers plus longue. Cette pièce, comme toutes celles de Marc-André Dalbavie, utilise des processus d’interpolation, qui consistent à transformer, au sein d’un continuum sonore clairement directionnel, un objet donné en un autre, selon un nombre déterminé d’étapes. Mais elle se distingue dans la production du compositeur puisqu’elle est la première qu’il ait écrite pour un effectif de musique de chambre.

Dans le but d’obtenir une texture transparente, il a multiplié des procédés d’orchestration généralement réservés à des effectifs plus importants, ce qui lui a permis de réaliser des « timbres composés », assez inhabituels pour une telle formation. Et comme l’orchestration n’est pour Marc-André Dalbavie que « l’écriture d’une acoustique artificielle », la pièce intègre à son déroulement des réverbérations virtuelles, des effets d’écho ou de réinjection. Ces phénomènes de décalage peuvent apparaître grâce à un travail mené parallèlement sur la vitesse (lent, rapide, accelerando, rallentando…), que le contexte de la musique de chambre, a priori apte à la virtuosité, incitait à explorer.

Contrairement aux projets habituels de son auteur, cette pièce met en œuvre un matériau simple, une écriture concise, une forme limpide et une durée courte. Sa caractéristique principale est peut-être sa recherche de la ligne : non pas la ligne au sens habituel (c’est-à-dire la mélodie), mais une ligne plutôt plastique, définie par son épaisseur, sa courbe dans l’espace, sa direction, son évolution et surtout son équilibre.

Le titre est une allusion à un ready made de Marcel Duchamp, datant de son arrivée à New York : In Advance of the Broken Arm. Il témoigne de l’intérêt de Marc-André Dalbavie pour les relations qu’une œuvre peut entretenir avec son lieu d’accueil et dit, par son sens, les rapports ambigus qu’entretiennent, dans cette pièce, le rythme et le temps.

Guy Lelong