Fueye ¡ Le souffle du bandonéon
Distribution
JuanJo Mosalini, bandonéon
Gilles Burgos, flûte
Nicolas Fargeix, clarinette
Julien Le Pape, piano
Pauline Klaus, violon
Florian Lauridon, violoncelle
Florent Jodelet, percussions
Laurent Cuniot, direction
Programme
Béla BARTÓK
Contrastes (mouvements II et III) pour clarinette, violon, piano
Francisco CANARO
La ultima copa (solo de JuanJo Mosalini)
Betsy JOLAS
Tango SI pour piano solo
Martin GRÜTTER
OP 973 Bestialisches pour flûte, clarinette, piano, violon et violoncelle
Juan José MOSALINI
Entre Pliegues (solo de JuanJo Mosalini)
François-Bernard Mâche
Kemit pour darbouka
Iannis XENAKIS
Charisma pour clarinette et violoncelle
Juan De Dios Filiberto
Quejas de bandoneon (solo de JuanJo Mosalini)
Luis NAÓN
Concertino pour bandonéon et ensemble CREATION MONDIALE
Le souffle du bandonéon
Un Voyage de l’écoute animé par le souffle du bandonéon, traversé de circulations inédites entre tango populaire et création contemporaine.
Décrire un itinéraire balisé par Luis Naón, c’est penser à l’Argentine d’où le compositeur est originaire. Et imaginer l’Argentine, c’est aussitôt se laisser envahir par des images émotionnelles qui ne sont pas toutes nécessairement des clichés. Contraste de paysages, de cultures et de sons : les immenses étendues saturées de vent, les gratte-ciels et les bas-fonds de Buenos Aires, l’héritage européen et le patrimoine amérindien, le raffinement de l’écriture musicale et la nostalgie sentimentale du tango.
C’est ce voyage-là, qui lui ressemble, que Luis Naón nous invite à entreprendre avec lui.
Partir sous la bénédiction de Béla Bartók et de deux de ses Contrastes, le nocturne et l’endiablé, comme pour s’équiper de virtuosités complémentaires et d’un bagage de musique populaire. Puis viser l’horizon de Fueye, concertino pour bandonéon et ensemble donné en création mondiale : du souffle, des énergies, des frictions d’inspiration, tout un domaine d’attaques bruitées et de résonances harmoniques où l’esprit du tango serait en suspension. « Un voyage, écrit Luis Naón en référence à Borges, entre une mythologie des faubourgs et une exploration du temps, de la matière sonore, des limites et de l’infini. »
Chaque étape donne rendez-vous à l’invention. La radicalité de Charisma, quand Iannis Xenakis, il y a un demi-siècle, imaginait avec une liberté échappée des chapelles et des dogmes la saturation et le presque rien. La férocité de l’Op. 973 Bestial du jeune compositeur allemand Martin Grütter – créé par TM+ au Festival Mixtur de Barcelone en 2019 – lequel avoue s’ennuyer dans la routine du faisable et lui préférer l’excitation de la virtuosité sauvage. A quoi répond l’œuvre pour darbouka de François-Bernard Mâche de 1970, Kemit où le percussionniste se fait jaguar sur les peaux tendues.
À chaque rencontre, c’est la surprise de l’inattendu – à commencer par les tangos au bandonéon solo et le Tango Si, petit bijou au piano de Betsy Jolas, à peine une fumée de tango, une étincelle de rythme, un parfum de mélodie qui passe. Par la confrontation de l’écriture musicale la plus contemporaine et des tangos traditionnels, notre écoute fera inconsciemment infuser un peu de la sentimentalité des uns dans la densité des autres, et à rebours elle découvrira dans les musiques populaires des subtilités qui seraient autrement passées inaperçues.
Les Voyages de l’écoute sont souvent une affaire de climats : celui-ci emprunte à la météorologie intérieure de Luis Naón qui pense sa musique comme une ébullition d’atomes, un flux organique passant par quantité de méandres naturels entre l’instrumentiste et l’auditeur. Le bandonéon, instrument vigoureux dont la facture désarçonnante – son anatomie – rend la conduite complexe et les enchaînements imprévisibles, y tient le rôle du cheval sauvage.
TM+, Maison de la musique – scène conventionnée d’intérêt national – art et création – pour la musique.
Avec le soutien de la SACEM
© Olivier Barau