Jardins élisabéthains

Avec Maude Gratton, claviériste et fondatrice d’il Convito, Laurent Cuniot engage des correspondances entre pairs que quatre siècles distancent mais ne séparent pas. En entreprenant une navigation entre jadis et maintenant, sur des routes qui croisent très au large de ce que l’on entend d’ordinaire, l’auditeur accueille des émotions neuves, comme s’il était question, ici et là-bas, de l’altérité curieuse d’un autre nous-mêmes.

Maude Gratton voyage avec il Convito dans l’âge d’or de la musique élisabéthaine aux XVI^e et XVII^e siècles, William Byrd, Orlando Gibbons, John Dowland, avec une échappée vers Henry Purcell, une génération plus tard, dont l’écriture reçoit l’héritage de ses prédécesseurs tout en inventant les audaces à venir.

Pour TM+, Laurent Cuniot associe Jonathan Harvey et Helen Grimes à cette aventure des correspondances en clair-obscur. Comme chez leurs aînées des siècles lointains, la gravité du ton et l’intimité de la mort voisinent avec l’énergie du mouvement et la virtuosité des couleurs.

L’œuvre de Gérard Pesson en création boucle la boucle – ou plutôt, elle en ouvre une nouvelle, qui entrelace les effectifs, noue les vertiges de l’ombre mélancolique et les promesses d’une danse de lumière, tisse des références croisées avec la finesse nécessaire pour ne pas user du pastiche. Une œuvre pour l’auditeur d’aujourd’hui, lui proposant, en miroir des autres au programme, de bousculer son confort d’écoute familière pour atteindre un horizon un peu plus élevé que l’ordinaire.