À cors et à cris

Les très périlleux accords des deux cors explorent le réseau luxuriant des harmoniques naturelles, colorent un ensemble instrumental foisonnant, remuent au sein de la prolifération engendrée par le dispositif électronique.

Une œuvre extrêmement et discrètement virtuose, sur l’alliance subtile des instrumentistes et de l’électronique, sur un savoir-faire d’écoutes et de souffles qui se transmet live de bouches à oreilles.

Les cris, ce sont aussi ceux, intérieurs, de cette femme iranienne venue du roman de Chahdortt Djavann, La Muette, un silence qui prend une vie musicale paradoxale dans l’œuvre de Florence Baschet. Les matières sonores sont multiples, engagées dans un échange qui s’enrichit de la confrontation : les couleurs du chant en persan, celles des instruments et de l’électronique qui se poussent dans leurs derniers retranchements, dans leurs prochains développements. Sur une dramaturgie qui est l’une des plus belles métaphores de la musique : « La muette faisait parler son silence comme personne ». Entre les deux pièces viennent se glisser, respiration tenue, le contraste de quelques Études pour piano de Ligeti.